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Les Parseval guillotinés

texte adapté des livres de famille

La Terreur conduisit à l'échafaud les frères Alexandre Philbert Pierre et Charles René de Parseval, guillotinés le même jour, le 19 floréal an II (8 mai 1794) sur la place de la Concorde, baptisée à cette époque "place de la Révolution". La famille de Parseval fut lourdement touchée par le règne de la terreur car leur beau-frère, Denis Fabus de Vernan, et le beau-père de Charles, Jacques Joseph Brac de La Perrière, furent eux aussi guillotinés ce jour fatidique. Cette page est dédiée à leur mémoire et à leurs descendants.

Le règne de la terreur

10 août 1792 : Insurrection révolutionnaire et départ de la sanglante dictature de la gauche jacobine et montagnarde qui fit entre 260 000 à 650 000 victimes par décapitations, noyades, fusillades, armes blanches, massues, mitraillages au canon, etc. Mais rappelons que seulement 5% des condamnés appartenaient à la Noblesse de l'Ancien Régime...

14 janvier : la Convention nouvellement élue, emmenée par Robespierre, déclare le roi de France dit « Louis Capet », coupable de trahison. Pour le peuple de Paris, la fuite avortée à Varennes en est la preuve formelle.

21 janvier 1793: la Convention exécute le Roi de France sur la place de la Révolution, actuelle place de la Concorde. Louis XVI meurt en homme digne et courageux. Les mains liées dans le dos, il s'avance vers le bord de l'échafaud et lance à la foule: «Français, je meurs innocent, je pardonne à mes ennemis; je désire que ma mort soit... » Un roulement de tambour couvrira ses dernières paroles. Le couperet tombe. Il est 10h22. Le bourreau présente alors la tête de Louis XVI au peuple, cependant que s'élève un immense cri : " Vive la Nation ! vive la République ! ". Il faudra attendre le 21 janvier 1815, vingt-deuxième anniversaire de cette tragédie, pour que les restes du Roi et de la Reine soient transférés à la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France.

Le 21 janvier 1793, le roi Louis XVI est guillotiné sur la Place de la Révolution.

16 octobre 1793: La reine de France Marie Antoinette, "veuve Louis Capet" est condamnée par le tribunal révolutionnaire. Après avoir eu les cheveux coupés, elle sera transportée en charrette de son cachot de la Conciergerie jusqu'à la place de la Révolution pour y être guillotinée à son tour.

C'est le début du Règne de la Terreur, sinistre période de l'Histoire de France qui dura du 5 septembre 1793 au 28 juillet 1794, date de l'exécution de Robespierre, Saint-Just et les autres. Quarante cinq mille personnes furent décapitées sur les quelques cinquante guillotines dressées en France.

Jeudi 8 mai 1794 (19 floréal an II)

Exécution de 28 anciens Fermiers généraux. Parmi ceux-ci, Antoine Laurent de Lavoisier (1743-1794) chimiste et physicien, les deux frères Alexandre Philbert Pierre de Parseval (1758-1794) et Charles René de Parseval de Frileuse (1759-1794), leur beau-frère Henri Denis Fabus de Vernan (1747-1794), et Jacques Joseph Brac de La Perrière (1726-1794), beau-père de Charles René de Parseval.

Le Tribunal a condamné à la peine de mort:

« ... 11° Charles-René Parseval Frileuse, âgé de 35 ans, natif de Paris, ex-noble, ci-devant Fermier général sans département, demeurant à Paris, rue Thérèse, et dernièrement à Mantes-sur-Seine.

... 26° Alexandre-Philibert-Pierre Parseval, âgé de 36 ans, ex-noble, ci-devant Fermier général, Commandant du bataillon de la Section de la Bibliothèque, natif de Paris, demeurant à Gonneville, district de Caen, département du Calvados.

... Convaincus d'être auteurs ou complices d'un complot qui a existé contre le peuple français tendant à favoriser de tous les moyens possibles les succès des ennemis de la France, notamment en exerçant toute espèce d'exactions et concussions, en mêlant au tabac de l'eau et des ingrédients nuisibles à la santé des citoyens qui en faisaient usage; en prenant six pour cent tant pour l'intérêt de leur cautionnement que sur la mise des fonds nécessaires à leur exploitation, tandis que la loi ne leur en accordait que quatre; en retenant dans leurs mains des fonds qui devaient être versés dans le Trésor national, et en pillant et volant par tous les moyens possibles le peuple et le Trésor national, pour enlever à la Nation des secours nécessaires à la guerre contre les despotes coalisés contre la République, et les fournir à ces derniers.

L'exécution de tous les condamnés ci-dessus a eu lieu le même jour sur la place de la Révolution. »

Extrait de la Gazette Nationale n° 231
Primidi 21 floréal an II (1er jour de la décade)
Compte-rendu d'une scéance du Tribunal Révolutionnaire, Salle de la Liberté, du 19 floréal

Alexandre Philbert Pierre de Parseval (1758-1794)

Alexandre de Parseval continue les branches de la Chevallerie, des Fermiers Généraux et de Pont, auteur de la tige de la branche de Vaucé, Ecuyer, Seigneur de Gonneville et Vaucé, né à Paris le 10 février 1758, mort guillotiné à 36 ans le 19 floréal an II (8 mai 1794) à Paris, le même jour que son frère Charles René.

Entré dans la Ferme Générale, il fut d'abord adjoint à son père de 1781 à 1782, puis lui succéda dans sa place de Fermier Général dont il fut titulaire de 1783 à 1790, époque où la Ferme Générale fut supprimée. Il était aussi Gouverneur de l'Hospice Royal des Quinze-Vingts.

En 1790, il était allé se fixer dans sa terre de Gonneville et y vivait retiré avec toute sa famille. Appelé à Paris en 1793 pour la réddition des Comptes de la Ferme générale, il s'installa avec son épouse Nicole de Floissac dans sa maison de campagne de Montrouge qu'il avait héritée de son père et où ils restèrent jusqu'à sa mort sur l'échafaud révolutionnaire.

Alexandre de Parseval, guillotiné à la suite du décret de la Convention du 25 novembre 1793 qui avait ordonné l'arrestation de tous les Fermiers généraux, Receveurs généraux et Intendants des Finances, fut emprisonné avec ses collègues, d'abord à l'ancienne abbaye de Port-Royal, devenue prison de Port-Libre en 1793, puis à l'Hôtel des Fermes, rue de Grenelle, où les Fermiers généraux avaient à établir le compte-rendu de leur gestion que la Convention voulait vérifier.

Il y travailla à la mise en ordre des pièces justificatives de la comptabilité avec Monsieur de Vernan (Guillotiné aussi le 19 floréal an II) et Monsieur Delahante, ses beaux-frères.

Un nouveau décret de la convention du 5 mai 1794 (16 floréal) ayant ordonné que tous les Fermiers généraux soient traduits au Tribunal révolutionnaire, Alexandre de Parseval fut transféré avec tous ses collègues à la Conciergerie, jugé sommairement et guillotiné avec eux le jeudi 8 mai 1794 (19 floréal an II).

Il avait épousé en premières noces à Epinay-sur-Seine le 24 avril 1781, Charlotte Françoise du Vaucel, décédée le 12 mars 1784 dont il n'eut pas d'enfants. Devenu veuf, il épousa en secondes noces à Paris le 17 avril 1787, Nicole Marie-Louise de Floissac, née à Paris en 1766 et morte au château de Pont-de-Veyle le 7 octobre 1835.

Descendance d'Alexandre de Parseval par les femmes : Les familles Laurens de Waru, Brossin de Saint-Didier, Puyhabilier de Leyrac, Delfau de Pontalba, Le Forestier de Vendeuse, de Chivré et autres...

Charles René de Parseval de Frileuse (1759-1794)

Charles de Parseval est né à Paris le 5 juin 1759, il est mort guillotiné à 35 ans le 19 floréal an II (8 mai 1794) à Paris, le même jour que son frère Alexandre.

Après s'être fait recevoir Avocat au Parlement de Metz le 15 juin 1778, il entra dans la Ferme générale et fut Adjoint-Fermier général en survivance de son père de 1780 à 1781, puis céda cette survivance à son frère aîné Alexandre et fut nommé Receveur des Finances à Strasbourg. Plus tard, il devint Fermier général sans être affecté à aucun département particulier.

Arrêté avec ses collègues en novembre 1793, il fut incarcéré d'abord à Port-Royal, puis à l'Hôtel des Fermes, enfin transféré à la Conciergerie, jugé sommairement et guillotiné le jeudi 8 mai 1794 (19 floréal an II)

Profondément religieux, animé des sentiments de la plus haute piété chrétienne, Charles René de Parseval de Frileuse accueillit avec une admirable résignation l'arrêt inique qui l'envoyait à l'échafaud. Dès le 16 floréal (5 mai 1794), jour où la Convention décréta le transfert des Fermiers généraux à la Conciergerie et leur comparution devant le Tribunal révolutionnaire, il ne se fit aucune illusion sur le sort qui l'attendait et adressa le 16 floréal à sa femme et à ses enfants une touchante lettre d'adieu qui est conservée dans la famille comme une précieuse relique.

Il avait épousé à Paris en février 1786, Anne-Françoise Elisabeth BRAC de La PERRIÈRE née à Mantes le 10 février 1766 et morte au château des Nuguets à la Chapelle de Ginchay le 7 décembre 1847.

Descendance de Charles de Parseval par les femmes : les familles Le Duc de Bernière, Lalouette, Veyron La Croix, Quirouard, Bonnemain et autres...

"Le dernier appel des condamnés" par Charles Müller

Cette reproduction du célèbre tableau de Müller "Le dernier appel des condamnés" a été faite d'après une copie exécutée pour notre famille par Müller lui-même.

Dans cette copie, le peintre a remplacé deux jeunes filles qui figuraient dans son oeuvre primitive par les deux frères Alexandre et Charles de Parseval, guillotinés le 19 floréal an II. Les détails du tableau de Müller sont représentés ci-dessous, avec sur la gauche, l'oeuvre originale, et sur la droite, l'esquisse réalisée pour notre famille par le peintre. Alexandre et Charles sont sur la droite, au second plan, debout et se serrant les mains.

Sources