MAJ 09.12.2003

Amiral Henri Pie de Parseval
Marin d'exception 1874-1930
Mission en Oubangui-Chari en 1904



       Le Contre-Amiral Henri Louis Pie de Parseval, né le 19 décembre 1874 à Flacé-les-Mâcon (S&L), mort à Toulon le 28 janvier 1930 à l'âge de 55 ans, est le cadet des huit enfants de Georges de Parseval (1830-1896)
       Comme son père Georges, Ecole Navale 1846-1848, Henri Pie va poursuivre la Tradition instaurée par l'Amiral de France Ferdinand de Parseval (1790-1860) - Voir la page: FP Amiral de France. (Click)
       Il est admis à l'Ecole Navale le 20 septembre 1892 à 17 ans et embarque sur le Vaisseau-Ecole Borda, troisième du nom, mouillé en rade de Brest. La Tradition se poursuivra avec son fils Pierre qui entrera à l'Ecole Navale en 1925.

Trois générations se succèderont ainsi à l'Ecole Navale:
  • Georges: 1846-1848
  • Henri Pie: 1892-1894
  • Pierre: 1925-1927
L'amiral Henri Pie de Parseval repose dans le caveau familial de Flaçé, tout près de Mâcon en S&L. Ocrux ave - Spes unica - De profundis

Henri Pie de Parseval De Henri Pie de Parseval, on retiendra particulièrement les exceptionelles appréciations de ses supérieurs tout au long de sa carrière trop courte, sa participation aux Campagnes militaires de Madagascar, de l'Oubangui-Chari et du Tchad avec Emile Gentil Commissaire Général du Gouvernement dans le Congo français, et le Lieutenant Colonel Gouraud Commandant le Territoire du Tchad, le commandement du torpilleur d'Escadre Faulx pendant la première guerre mondiale et sa campagne de l'Adriatique et enfin le commandement du cuirassé d'Escadre Paris de 23.500 tonnes et 1.800 hommes d'équipage.

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        Photos: Collection jean-baudouin de Parseval: © Famille Parseval (DR). © Marius BAR - Toulon Tél: (33) 04 94 36 71 39 - Fax: (33) 04 94 36 71 51  Spécialiste des photos de navires et aéronefs depuis 1886 (DR).
Sources:
- © Documents famille Parseval (DR) en particulier le journal manuscrit - 227 pages avec photos - de Henri de Parseval "Une mission en Afrique Centrale 1904-1905", © et propriété de jbaudouin de Parseval (DR).
- Service Historique de la Marine à Vincennes, pavillon de la Reine (DR).

Après le Borda, de 1894 à 1898 viendront l'Iphigénie, navire Ecole d'Application et la traditionnelle croisière de fin d'études de l'Ecole Navale, le croiseur Roland et la campagne des Antilles, le cuirassé Marceau de l'escadre de la Méditerranée, la campagne de Crête sur le croiseur Suchet, le garde-côte Vengeur ... En cette époque, on naviguait beaucoup.

       Les campagnes coloniales

Transport de la canonnière démontable Jacques d'Uzès
De Brazzaville à Fort-Crampel Ht-Oubangui
Du 21 avril 1904 au 19 février 1905

Voir le rapport intégral de mission, document historique reproduit au chapitre HPie Mission au Congo. (Click)
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Carte en couleur de l'Oubangui-Chari Mission HPie de Parseval 1904 Suivant les instructions écrites à la main, données le 12 avril 1904 par le Commissaire Général du Gouvernement dans le Congo français, Emile Gentil, il est confié à l'enseigne de vaisseau Henri de Parseval, agé de 30 ans, la mission de commander la flottille du Chari et de faire passer par portage la canonnière à vapeur Jacques d'Uzès du bassin de l'Oubangui dans celui du Chari.
A cet effet, il doit se rendre à Brazzaville afin d'escorter le Jacques d'Uzès qui doit être remorqué par le Dolisie jusqu'au poste de Bangui, puis par les rivières Kémo et Tomi, coupées de rapides et encombrées de troncs d'arbres, tiré jusqu'à Krébedjé (Fort Sibut). A cet endroit, la coque du Jacques d'Uzès doit être dérivetée en sept tranches, puis transportée en saison des pluies, ainsi que la machine et la chaudière à travers 150 km de forêt vierge équatoriale, jusqu'à Fort Crampel (Grinbigui) afin d'y être rerivetée et remise en état pour venir renforcer la flottille du Tchad dans le contexte de la colonisation en cours de l'Oubangui-Chari.
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Jacques d'Uzès en Oubangui-Chari 1904 Les villages de Fort Sibut et de Crampel sont situés à 1600km au NNE de Brazzaville, au nord de la ville de Bangui en plein Territoire Oubangui-Chari (Rebaptisé en 1958 République Centrafricaine). Le Chari, 1.200km, est un fleuve qui prend sa source non loin de Crampel puis se déverse dans le lac Tchad situé à 100km au nord de Fort-Lamy (Rebaptisé N'Djaména) en Territoire du Tchad.
Crampel se trouve à 150km au nord de Fort Sibut, en pleine forêt vierge équatoriale montagneuse (7° Lat.N). Aucune rivière ne reliant ces 2 villages, il n'y a pas d'autre moyen à cette époque, que de transporter le Jacques d'Uzès désossé et découpé en 7 tranches, "à dos d'hommes": 16 hommes pour une tranche de 400 kg.

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Carte du portage du Jacques d'Uzès en Oubangui-Chari Henri de Parseval disposait pour cette de tâche de "3 triqueballes (Essieu à roues), 1 mécanicien blanc, 2 sénégalais, 3 prisonniers arabes et 200 porteurs". Le transport proprement dit a duré du 30 juillet au 3 décembre 1904, quatre mois en plein hivernage (saison des pluies) dans des conditions effroyables - il y aura de nombreux morts parmi les porteurs et l'ensemble de la mission se déroula du 21 avril 1904 au 19 février 1905 (10 mois)
On note que l'ordre de mission ne cache pas qu'il est peut-être impossible de remplir cette tâche, et on peut donner l'atmosphère de cette époque en citant cet extrait: "... Cette besogne vraiment pénible pour laquelle ils (les indigènes) devront être encouragés par des cadeaux appréciables (fusils et étoffes) et aussi par l'octroi d'une nourriture saine et copieuse."
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Canonnière Jacques d'Uzès en 7 tranches en Oubangui-Chari 1904 Pour situer la difficulté de cette tâche, il faut se placer dans le contexte géographique, politique, climatique, technologique et médical de ces temps là. En effet ce n'est que quelques années auparavant, en 1877, que Stanley descend le Congo ouvrant la voie à l'exploration européenne et que la France, avec la Mission Marchand, crée en 1898 le poste de Bangui. L'Oubangui-Chari deviendra colonie française précisément en 1905.

Suite à cette mission difficile menée à bien, Henri Pie de Parseval fut proposé pour la Légion d'Honneur par le Général Gouraud, appuyé par le Ministre des Colonies, puis par la Direction du Ministère de la Marine. La Légion d'Honneur a été attribuée au lieutenant de vaisseau Henri de Parseval le 12 mars 1906, à 31 ans, au titre "Exploration".

Proposition "pour Chevalier de la Légion d'Honneur" faite par le LtCl Gouraud le 7 avril 1905:
 Voir le rapport intégral de mission, document historique reproduit au chapitre HPie Mission au Congo. (Click)
" ... Le rapport de cet officier, ci-joint, malgré sa simplicité et sa modestie, fait assez entrevoir, il me semble, l'étendue et la diversité des difficultés vaincues et l'importance du résultat obtenu. ... Il fallait pour mener à bien en 6 mois une tâche aussi rude, un officier de la valeur de l'Enseigne de Parseval. Sa compétence technique, affirmée par son ancien commandant de "l'Alcyon", son énergie, son ascendant sur tous, sa volonté pouvaient seuls triompher de difficultés renaissant pour ainsi dire à chaque pas.
       Dans son rapport, l'Enseigne de Parseval s'efface et fait surtout ressortir l'aide qu'il trouva en ses collaborateurs, mais on ne saurait méconnaître que le principal mérite d'une pareille oeuvre revient à l'officier qui l'a dirigée, depuis le commencement jusqu'à la fin, se multipliant avec les difficultés - inlassable - jusqu'au succès, qu'on n'espérait pas aussi prompt ... signé: Gouraud"


Le 3 août 1905, il reçoit ordre de débarquer de la flottille du Tchad et de se rendre à Brazzaville en instance de rapatriement. Il quitte Bangui le 1er septembre 1905 comme commandant de la flottille du Tchad pour un congé en métropole de 3 mois.
La terrible fatigue occasionnée par cette dépense physique altérera irréversiblement la santé de Henri de Parseval et abrègera sa carrière et sa vie. Seuls ceux ayant vécu en brousse, sous l'équateur et en hivernage, auront une idée des efforts nécessaires à l'exécution d'une mission aussi dure.
A partir de 1906, régulièrement, les bulletins individuels de Henri de Parseval feront état d'une fatigue générale provenant d'une "... anémie tropicale contractée pendant un long séjour dans le centre de l'Afrique"


       Carrière de 1906 à 1929.
       Commandement du cuirassé Paris


Après ses campagnes coloniales, Henri Pie de Parseval poursuit une carrière brillante, un peu à terre et beaucoup en mer sur le croiseur cuirassé Chanzy, sur la Couronne (Ecole de canonnage basée à Toulon), sur l'Entrecastreaux port d'attache Toulon.
Ecole Supérieure de la Marine: du 6 janvier 1913 au 1er janvier 1914, Henri complète sa formation, il est breveté en décembre 1913 et débute l'année 1914 sur le cuirassé Vergniau. Son Bulletin individuel indique en juillet 1914, veille de la guerre: " ... compétence supérieure.. C'est l'officier d'élite à faire commander à la mer et avancer aux grades supérieurs le plus rapidement possible".
Déclaration de guerre à l'Allemagne le 3 août 1914, Henri de Parseval a 40 ans.
Il reçoit le commandement du torpilleur d'Escadre Faulx le 5 septembre 1915, affecté à la division des Torpilleurs d'Escadre de l'Adriatique.
Le 1er janvier 1916 il reçoit à bord les voeux ci-dessous de son équipage accompagnés d'un magnifique bronze "le fusillier marin" (Collection jbaudouin de P):
L'Equipage de la "Faulx" à son commandant
Commandant
Nous venons au nom de nos camarades vous présenter nos voeux de bonne et heureuse année, ainsi qu'à votre famille.
Nous sommes heureux de défendre notre patrie avec vous, notre commandant; en qui nous avons une entière confiance, et espérons que vous nous nous menerez bientôt à la victoire.
A l'occasion de ce jour veuillez accepter commandant, ce souvenir au nom des Quartiers-maîtres et marins de la "Faulx".
Espérons commandant que cette nouvelle année nous apportera à tous la paix et la prospérité.


Son bulletin individuel indique en 1916: " ... officier très complet, connaissant à fond son métier, doué de qualités de sang froid, d'énergie et d'entrain peu communes et qui commande son bâtiment de façon remarquable."

Henri poursuivra la guerre dans la mer du nord, sur le cuirassé Paris, puis sur le Jean-Bart. Le 20 novembre 1917, il est nommé Commandant de la 1ère escadrille de torpilleurs de la division des flottilles de la mer du nord, et prend son poste avec le commandement du Capitaine Mehl, torpilleur d'escadre basé à Dunkerque.
Le 7 mars 1917, henri de Parseval est promu Capitaine de Frégate, il a 42 ans. Il est cité à l'ordre de l'armée le 2 mai 1918.

27.5.1919: Henri de Parseval publie une étude sur la bataille du JÜTLAND en mer Baltique (Skajerak pour les Allemands), ce qui lui vaudra les palmes académiques le 7 avril 1923. (Payot 1919).
Cuirassé d'Escadre Paris en 1925
En 1923 Henri prend le commandement du cuirassé d'Escadre Jean-Bart, basé à Toulon.

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Commandement du Paris: Du 12 décembre 1923, à 49 ans, jusqu'au 18 août 1925, Henri Pie de Parseval prend le commandement du l'imposant cuirassé d'Escadre Paris, 23.500 tonnes, 1.800 hommes d'équipage. Ce sera la fierté de sa vie de marin. Photo Marius Bar © http://www.mariusbar-photo.com


Henri de Parseval terminera sa carrière comme chef d'état major de la Majorité à Toulon et en date du 15 mai 1928, le vice amiral Vindry propose Henri de Parseval comme "contre amiral avec le N°1 de la région". Henri de Parseval a 53 ans.

La fin: Malheureusement l'état de santé de Henri de Parseval décline très rapidement. En juillet 1928, il suspend ses fonctions à la Majorité à Toulon pour un congé de convalescence de 2 mois, mais il ne reprendra pas son service.
Le 30 septembre 1928 le Ministre de la Marine est informé que le Commandant de Parseval "... doit abandonner définitivement tout espoir de remplir des fonctions actives tant à terre qu'à la mer ...".

Le 4 janvier 1929 à 54 ans, il est promu au grade de Contre-Amiral.

Il meurt à Toulon le 28 janvier 1930, il venait d'avoir 55 ans.
Etant donné ses exceptionnels états de service, Henri Pie de Parseval était destiné à une très grande carrière militaire.
Il est enterré dans le cimetière familial de Flaçé, en S&L, situé à 5 km au nord de Mâcon.


       Distinctions
Henri Pie de Parseval était Chevalier de la Légion d'Honneur (12 mars 1906), Officier de la Légion d'Honneur (5 mai 1919)
Autres décorations françaises: - Médaille coloniale avec agrafes: . Madagascar, campagne de guerre 4.12.1898-1.8.1900 . Tchad, campagne de guerre 1.5.1904-19.9.1905 . Constantinople, campagne de guerre 19.5.1920-7.10.1920 - Croix de Guerre avec palme - Officier d'Académie (7 avril 1923) - Médaille de la Victoire - Médaille commémoration de la Grande Guerre
Décorations étrangères: - Chevalier de l'Étoile Noire d'Anjouan (26.2.1901) - Officier du Nicham-Iftikar - Chevalier du Distinguished Service Order - Chevalier de Saint-Michel et Saint-Georges (30.8.1918) - Officier de l'Ordre de Saint Vladimir 4me degré avec glaives et rosette (Théodosie, 4.4.1920) - Aigle bleu avec glaive (4me classe) de Serbie (26.5.1921) - Chevalier de l'Ordre "del Suo Ordine dei Santi Maurizio e Lazzaro" (Rome, 12 mars 1927)
Il a été promu au grade de Contre-Amiral le 4 janvier 1929.


Il avait épousé à Hyères (Var) le 17 janvier 1906, à son retour de la campagne du Congo après trois ans d'abscence, Marthe Billion du Rousset, qu'il avait rencontrée avant son départ.
       Ils auront 3 enfants: Pierre, Anne et Monique.


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(From: Web jbaudouin de Parseval)
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