MAJ 09.12.2003

L'Ecole Navale et ses traditions



       La vocation maritime de notre famille, instaurée par l'Amiral de France Ferdinand de Parseval (1790-1860) - Voir la page: FP Amiral de France (Click) se poursuit à l'Ecole Navale avec mon arrière-grand-père Georges, mon grand-père Henri Pie et mon père Pierre.
 Trois générations se succèdent ainsi à l'Ecole Navale: Une telle passion pour les choses de la mer amène à se pencher sur l'histoire de l'Ecole Navale, ses traditions et ses vaisseaux.

Photos: © Marius BAR - Toulon. Spécialiste des photos de navires et aéronefs depuis 1886 (DR).
mariusbarphot@libertysurf.fr    http://www.mariusbar-photo.com   La totalité de la collection, soit 39000 références.

Sources:
- Capitaine de vaisseau (H) Alain Dannery (EN 1955).
- © "La Jeanne d'Arc" par Gérard Schmidt (Atelier du Beausset 1986) (DR)
- © "L'Ecole Navale" par Jean de la Varende (Amiot Dumont 1951) (DR)
- Consultations diverses au Service Historique de la Marine de Toulon.


        Ce document a été établi à Ollioules (Var) en mai 1996 avec la très compétente et amicale collaboration du capitaine de vaisseau (H) Alain Dannery (EN 1955).


L'Ecole Navale, ses traditions et ses vaisseaux

L'Ecole Navale a été créée par Louis Philippe le 1er novembre 1830 sur le bâtiment Orion, en rade de Brest . Elle succédait au Collège royal d'Angoulème fondé en 1816 mais s'inspirait fortement du système de formation mis en place par Charles de la Croix de Castries, ministre de la Marine, dans ses ordonnances de 1786. Elle était aussi l'héritière des compagnies de gardes de la Marine formées en 1683, Seignelay étant ministre de la Marine, à Brest, Rochefort et Toulon. Plus loin encore, elle respectait la tradition de l'Ordre de Malte où de grands marins comme Tourville et Suffren avaient fait leurs premières armes, ce qui explique les excellentes relations qui ont toujours existé entre l'Ordre et la Marine.

Un certain nombre de vaisseaux devaient se succéder à l'Ecole Navale, principalement sous le nom de Borda du nom du célèbre officier de marine mathématicien 1733-1799.
Depuis 1915, l'Ecole Navale est installée à terre. Elle est située aujourd'hui à Lanvéoc-Poulmic, en rade de Brest, dans des bâtiments modernes remontant aux années 1960. Les élèves-officiers y passent deux ans avant l'année d'application sur le porte-hélicoptère Jeanne d'Arc sur lequel ils parfont leurs connaissances militaires, maritimes et scientifiques, et s'ouvrent l'esprit au monde au cours d'une croisière de plusieurs mois.
Signe des temps, l'Ecole Navale dispense également une formation de qualité aux officiers issus du Rang ou de la Réserve, et a été rejointe à Lanvéoc-Poulmic par un certain nombre d'écoles à cycle court regroupées sous l'appellation de "Cours et Stages" comprenant notamment les officiers de réserve en situation d'activité (ORSA), les officiers spécialisés de la Marine (OSM) recrutés à l'Ecole militaire de la Flotte sur concours et les OSM recrutés au choix.

La vie sur le Borda a fortement marqué les traditions de l'Ecole Navale. On intégrait jeune et malléable; un séjour à bord de deux ans dans des conditions de vie spartiate, avait tendance à créer un monde à part au milieu d'une institution, la Marine, déjà peu connue des Français. Malgré son installation à terre en 1915, l'Ecole ne s'est pleinement ouverte au monde extérieur, et en particulier à l'Université, que vers la fin des années 1960.

(Cliquer sur les images pour les agrandir)
Le Borda N°3 (ex Intrépide) en 1890, vaisseau-école de l'EN Les élèves d'aujourd'hui, mieux intégrés dans leur époque, restent cependant fidèles à cette tradition dont leur langage est imprégné. Ainsi l'Ecole elle-même n'est jamais appelée que la Baille; son commandant est le pape alors que le commandant en second est la veuve. Les élèves sont des bordaches, qui comprennent ceux de première année, les fistots et ceux de seconde année, les aspis parmi les activités, la plus populaire est la bouline (la manoeuvre) alors que la plus redoutée est la corvette, sortie d'instruction dans les tempêtes d'Iroise ...
Les traditions comportent aussi quelques manifestations d'art et d'esprit regroupant toute l'École, les beuglants, marquant les principales étapes de l'instruction: la Pomme (remise des sabres), le grand C (fête célébrant le départ des aspis) etc. On reprend alors en coeur de vieilles chansons Baille qui ont en commun humour, poésie, voire nostalgie. Parmi celles-ci, la légende du Borda, chant initiatique inconnu du monde des éléphants (terriens), dont les promotions se transmettent pieusement chaque année les accents, lents et mélodieux comme la houle.

L'année d'application sur la Jeanne d'Arc, faite d'une stricte application des règlements sur le service à bord, prêtait moins au particularisme que l'Ecole Navale. Certains temps forts sont devenus des traditions, comme le départ pour le tour du monde où la Jeanne, escortée par tous les goélettes, canots, voiliers etc. de l'Ecole Navale et par l'inénarrable remorqueur où ont pris place les familles, s'engage dans le goulet de Brest. On en retiendra une chanson Baille remontant à 1924, dont les premières mesures traduisent la nostalgie de l' aspi assistant au départ de ses anciens:

        Ne parle pas losse, je t'en supplie.
        Ne parle pas et laisse moi rêver ...
        ... J'ai le cafard. Oh la triste semaine
        Tous les fistots vont monter dans le mât
        Elle est partie vers les rives lointaines.
        Ne parle pas, losse ne parle pas.

 (Losse: officier-marinier instructeur)


Les bâtiments rattachés à l'Ecole Navale

Un certain nombre de bâtiments ont toujours été liés à la formation des officiers de marine. On peut les regrouper en trois catégories:

        1°/ Les vaisseaux-Ecole Orion et Borda
L'Ecole Navale a été créée par l'ordonnance royale de Louis-Philippe du 1er novembre 1830, qui décida que l'Ecole d'Angoulême établie à Brest depuis le 7 mai 1827 sur le vaisseau Orion, porterait le nom d'École Navale.
        . L'Orion, lancé à Brest en 1813, fut la première Ecole Navale de 1830 à 1840.

Puis il y eut 3 Borda, vaisseaux à trois-ponts qui succédèrent à l'Orion:

        . Le Borda ex Commerce de Paris, construit à Toulon en 1805, lui succéda de 1840 à 1864.
                Ce fut l'Ecole Navale, de 1846 à 1848, de Georges de Parseval.
        . Le Borda ex Valmy, lancé à Brest en 1847, sera l'École Navale de 1864 à 1890.
        . Le Borda ex Intépide, lancé à Rochefort en 1864, sera le dernier Borda vaisseau-école de 1890 à 1913. C'était un vaisseau mixte à voile et à hélice de 74 canons. Il reçut le surnom de Baille, qui désignait un bâtiment quelconque, sale et mal tenu !
                Ce fut le vaisseau-Ecole Navale, de 1892 à 1894, sur lequel Henri Pie de Parseval embarqua à 17 ans, le 20 septembre 1892.
Ce dernier Borda, souvenir et tradition de milliers de bordaches, patrimoine historique inestimable, transformé en épave humiliante, terminera misérablement sa carrière à la démolition du cimetière de Cherbourg le 28 juin 1914.

Après avoir été provisoirement installée sur le Duguay-Trouin de octobre 1913 à août 1914, l'Ecole Navale a été fermée de août 1914 à octobre 1915, puis définitivement installée à terre, successivement à Laninon de 1915 à 1935, qui fut l'Ecole Navale en 1925-1927 de Pierre de Parseval, à Saint-Pierre Quilbignon (1935-1940), puis à Dakar, Toulon et Clairac et enfin à Lanvéoc- Poulnic, au sud de la rade de Brest, depuis mai 1945.

        2°/ Les bâtiments annexes, Bougainville ...
Les annexes de l'Ecole Navale, mis en service à partir de 1862, étaient de petits bâtiments sur lesquels embarquaient et embarquent encore les élèves pour de courts séjours à la mer, les "corvettes", afin d'apprendre la navigation côtière et auparavant, les exercices de voiles.
Les souvenirs des officiers de marine sont remplis de ces bâtiments pas toujours confortables où ils affrontaient pour la première fois les tempêtes de l'hiver.
Parmi ces bâtiments, il faut citer:
        . Le cotre Sylphe, construit en 1820, bâtiment à voile de 3 mâts, qui servit d'annexe de 1887 à 1890.
        . Le Bougainville ex Allier, dit le Bougain, bâtiment mythique au souvenir impérissable, qui fut l'une des annexes de 1887 à 1911, a inspiré de nombreuses chansons Baille ...
Ce fut sur cette annexe que Henri de Parseval apprit si bien le métier de la mer.
. Le croiseur d'Estrée remplaça le Bougainville de 1912 à 1914
. Le torpilleur Véloce, annexe de 1899 à 1908
. Le torpilleur Audacieux, annexe de 1909 à 1914,
Puis Vimy, Yser, Belfort, Somme, Meuse, Oise, Vauquois ... Bien d'autres bâtiments suivirent parmi lesquels les goélettes Etoile et Belle-Poule construites à Fécamp en 1932, bien connues des côtes atlantiques, qui naviguent encore.

        3°/ Les vaisseaux-Ecole d'application Iphigénie et Jeanne d'Arc ...
Les Vaisseaux-école d'application furent créés par décret du 10 octobre 1864 sous le nom de "Ecole d'Application de la Marine", supprimés de 1882 à 1884 et rétablis par décret du 3 mai 1886.

Après l'Ecole Navale, les aspirants embarquent durant quelques mois pour parfaire et appliquer à la mer les connaissances acquises pendant leur 2 années d'Ecole. Traditionnellement ces bâtiments font chaque année le tour du monde, en fait une partie du tour du monde depuis quelques décennies, le plus souvent accompagnés d'un bâtiment plus petit dit la "conserve", souvent un aviso-escorteur.

Un certain nombre de bâtiments se succédèrent dans cette attribution: Le Jean-Bart (1864-1868), le Jean-Bart ex-Donawerth (1868-1873), la Renommée (1873-1875), la Flore (1875-1882).

Après le rétablissement de l'Ecole en 1886, il y eut:

        . L'Iphigénie, 1886-1900, elle a servi d'Ecole d'Application des Enseignes de Vaisseaux à seize générations d'aspirants de deuxième classe qui se succédèrent et pour lesquels il était l'Iphi. C'est sur ce bâtiment que Henri de Parseval embarqua le 15 octobre 1894 après ses 2 années à l'Ecole Navale, pour le tour du monde.
L'Iphigénie était une frégate mixte de 3200 Tx, à voilure de trois-mâts carré et machine de 550 chevaux. Elle a été construite à Brest de 1877 à 1881, a été radiée du service le 4 décembre 1901 et démolie à Brest en 1905. Pour mémoire il y eut également un torpilleur Iphigénie, construit aux Chantiers de la Loire de 1933 à 1935 et radié le 8 décembre 1942.

Après l'Iphigénie, il y eut le Duguay-Trouin ex-Tonkin (et Vaisseau-Ecole provisoire en 1913-1914) de 1900 à 1912, puis quatre bâtiments se succédèrent dans le rôle d'école d'application dont trois sous le nom de Jeanne d'Arc:

        . La Jeanne d'Arc, 1912-1914 et 1919-1928, croiseur cuirassé de 11.270Tx, fut construite de 1895 à 1899 à Toulon et remplaça l'Iphigénie. Elle fut radiée le 15 février 1933 et démolie à Brest en 1934. Elle a assuré onze campagnes et fut l'école d'application du jeune enseigne de Vaisseau Pierre de Parseval, qui embarqua sur ce bâtiment pour le tour du monde en octobre 1927, à sa sortie de l'Ecole Navale.

. Le croiseur cuirassé Edgard-Quinet de 1928 à 1930

(Cliquer sur les images pour les agrandir)
La Jeanne d'Arc N°2, vaisseau-école de l'EN         . La Jeanne d'Arc, 1930-1964, seconde Jeanne d'Arc, était un croiseur de deuxième classe de 170m de long et 6.600Tonnes, construite à Saint-Nazaire de 1928 à 1930 pour remplacer la première Jeanne. Elle fut radiée le 16 juillet 1964 et démolie à Toulon en 1965.
Elle a assuré 27 campagnes autour du monde, c'est la plus glorieuse et la plus riche en souvenirs.

        . La Jeanne d'Arc, depuis 1964, est la troisième Jeanne d'Arc. C'est un porte aéronef de 12.000Tx, en fait un porte-hélicoptères moderne construit en 1961 et 1962 à Brest et mis à flots sous le nom de Résolue, rebaptisé Jeanne d'Arc le 16 juillet 1964, il a remplacé la deuxième Jeanne comme école d'application. Il est toujours en service en juin 1996, il est régulièrement remis à niveau.

Il y eut quelques autres Jeanne d'Arc, qui ne furent pas des écoles d'application de l'Ecole Navale ...


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        Annexe: Les grades de la Marine Nationale

         Hommes du rang
. Matelot
. Quartier-maître
. Quartier-maître chef

         Hommes du rang: Officiers mariniers
. Second maître
. Maître
. Premier maître
. Maître principal
. Major

         Aspirant de Marine: (Grade intermédiaire avant de passer officier subalterne)

         Officiers subalternes et appellation
. Enseigne de vaisseau de 2ème classe (1 galon) Lieutenant
. Enseigne de vaisseau de 1ère classe (2 galons) Lieutenant
. Lieutenant de vaisseau (3 galons) Capitaine

         Officiers supérieurs et appellation
. Capitaine de corvette (4 galons) Commandant
. Capitaine de frégate (5 galons panachés) Commandant
. Capitaine de vaisseau (5 galons pleins) Commandant

         Officiers généraux et appellation
. Contre-amiral (2 étoiles) Amiral
. Vice-amiral (3 étoiles) Amiral
. Vice-amiral d'escadre (4 étoiles) Amiral
. Amiral (5 étoiles) Amiral

Les dignités de "Grand Amiral", "Amiral de France" etc. datent de l'ancien régime et n'existent plus.

Légion d'Honneur, 5 grades: chevalier, officier, commandeur, grand-officier, grand-croix.

        Les abréviations
. ER: En Retraite, terme très général qui signifie non activité.
. H: Honoraire, ne fait plus partie des cadres de réserve, ne sera jamais rappelé.
. R: Réserve, faisant partie des cadres de réserve et susceptible d'être rappelé.
. 1S: 1ère Section, en activité de service (ayant un emploi).
. 2S: 2ème Section, toujours en activité, mais non affecté.


Comment faut-il appeler un marin ?
Les civils hommes, s'adressant à un officier de marine, emploient les mêmes appellations que les militaires. Une femme, non militaire appellera un officier général "amiral". Elle pourra par politesse appeler un officier supérieur "commandant" mais appellera toujours un officier subalterne "monsieur".
Tout officier de marine ou officier marinier commandant un bâtiment sera appelé "commandant" quel que soit son grade. Enfin il est adopté que les officiers de marine sont propriétaire de leur grade et que les appellations ci-dessus demeurent valables lorsque l'officier part à la retraite (ou en deuxième section d'active pour les officiers généraux).


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(From: Web jbaudouin de Parseval)
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